Ne jetez pas, réparez : la réparation de ma poubelle Joseph Joseph

Adrien ici, fondateur de notre bureau d’études Esquisse 3D. Aujourd’hui, je vous partage une expérience personnelle qui, je l’espère, pourra vous inspirer. Récemment, j’ai été confronté à un dilemme assez commun mais révélateur de notre société de consommation : la réparation de ma poubelle Joseph Joseph.

Je sais que réparer ma poubelle n’est pas la meilleure entrée en matière pour vous captiver et pourtant l’histoire qui va suivre est tellement représentative de ce que nous vivons au quotidien. Dans notre monde où la culture du jetable reste prédominante, la décision de réparer plutôt que de remplacer un objet peut sembler dérisoire et pourtant je suis convaincu que c’est dans ces petits gestes que nous construisons petit à petit un changement significatif, plus responsable. Et c’est pourquoi je trouvais important de vous parler de ma poubelle Joseph Joseph et de sa réparation ! 

200€ pour une petite pièce défectueuse 

Lorsque ma poubelle Joseph Joseph a cessé de fonctionner correctement à cause d’une pièce défectueuse, ma première réaction a été de contacter le fabricant pour le SAV. La proposition reçue – un bon d’achat de 200€ pour remplacer l’objet – bien que généreuse, ne m’a pas plus enthousiasmé que ça. Cela semble tellement incohérent de jeter un objet en bon état pour une petite brouille, non?.

Réparer ou racheter ? That’s the question

Refusant de succomber à la facilité et à la commodité du neuf, j’ai choisi de prendre le chemin moins emprunté de la réparation. Oui c’est un chemin plus facile pour moi je l’admets. Je suis non seulement ingénieur, touche à tout et chez Esquisse 3D nous avons aussi beaucoup de matos et de compétences qui me permettent d’aborder ce genre de défi avec le sourire ! J’aime aussi les petits challenges comme celui-ci qui me pousse à toujours découvrir de nouveaux procédés et à résoudre des problèmes.

Ceci étant dit je ne critique pas ceux qui auraient opté pour utiliser leur bon d’achat, n’ayant pas nécessairement les moyens ou les compétences pour envisager une réparation.

Je répare ma poubelle Joseph Joseph

La démarche a débuté par la déconstruction de ma poubelle pour étudier la pièce défectueuse. J’ai ensuite entrepris un processus de rétro-ingénierie en utilisant SolidWorks pour recréer la pièce concernée. Cela a nécessité environ une heure de modélisation et de mise en plan, suivi de la recherche et du contact de plusieurs fournisseurs de ressorts, grâce à notre base de données de fournisseurs bien étoffée.

Après avoir reçu plusieurs devis, j’ai opté pour une solution qui me coûtait 5€ par ressort, nécessitant l’achat de deux ressorts par poubelle. Cependant, pour obtenir ce tarif, j’ai dû commander une vingtaine de ressorts. En partant du principe que je ne devais pas être le seul à rencontrer ce problème, j’allais bien trouver preneur pour les 10 autres malheureux qui rencontraient les mêmes problèmes de poubelle que moi…

La particularité de ces ressorts résidait non seulement dans leur forme unique mais aussi dans le choix de matériel : nous sommes passés de l’acier à l’inox pour éviter tout problème futur de corrosion. Visiter les fabricants de ressorts m’a appris que le réglage des machines pour produire un ressort spécifique prend entre 30 à 50 minutes, mais une fois réglées, la production des ressorts suivants est relativement rapide. Cela illustre bien le principe selon lequel « la quantité est clé » : le coût du temps de réglage est amorti sur le nombre total de pièces produites.

Quinze jours plus tard, j’ai reçu les ressorts, avec un peu d’impatience et d’appréhension. Heureusement, notre travail de rétro-ingénierie a porté ses fruits, car les ressorts se sont parfaitement ajustés à la poubelle, promettant une durée de vie rallongée d’au moins dix ans. Le passage de l’acier à l’inox a même amélioré la vitesse de remontée du couvercle.

Et la suite ? 

En prenant en main la conception et la fabrication des ressorts nécessaires, non seulement j’ai sauvé ma poubelle de l’obsolescence, mais j’ai également permis à d’autres personnes de trouver une solution alternative.

Le partage de mon expérience et la mise en vente des pièces supplémentaires en ligne ont en effet révélé que je n’étais pas seul. La réaction positive de la communauté, avec déjà quatre clients ayant acheté les pièces, confirme qu’il existe une demande pour des solutions de réparation accessibles et abordables

Actuellement, je suis en train de prendre contact avec Joseph Joseph pour discuter de cette initiative. Si vous avez des contacts au sein de l’entreprise ou des conseils à partager, je suis preneur. L’objectif : les inviter à repenser leur approche du service après-vente et à promouvoir activement la réparation plutôt que le remplacement. L’idée était simple : si chaque entreprise prenait des mesures pour faciliter la réparation de leurs produits, nous pourrions ensemble réduire significativement les déchets et promouvoir une économie circulaire.

Cette aventure dépasse largement la simple réparation d’une poubelle. Elle invite à une réflexion plus profonde sur notre rapport à la consommation et à l’obsolescence programmée. Ainsi, je lance un appel à tous : fabricants, consommateurs, et passionnés de DIY, pour repenser notre approche des objets qui peuplent notre quotidien. En favorisant la réparation, en partageant nos connaissances et en collaborant pour une meilleure accessibilité des pièces de rechange, nous pouvons ensemble faire une différence significative. Transformons chaque frustration en une opportunité d’agir de manière éco-responsable. Ensemble, faisons la différence, une poubelle – et par extension, un produit – après l’autre.

Ressources intéressantes pour prolonger la vie de vos produits